La Proposition

La Proposition Hippolyte Wouters Anne Coutureau Christophe Barbier

La Proposition est un dialogue imaginaire entre Juliette Récamier, la plus chaste, la plus ravageuse et la plus courtisée des femmes de son temps et Alexis de Tocqueville, un des plus brillants esprits de son siècle et, de tous les auteurs, le plus cité des moins lus.

Dialogue imaginaire parce qu’il n’a jamais eu lieu et pourtant dialogue essentiellement vrai puisque la plupart des propos de Tocqueville ont été réellement tenus et dialogue entièrement vraisemblable car Juliette tenait le salon le plus en vue de la société parisienne du moment, qu’Alexis fréquentait.

L’entrevue a lieu en avril 1849.
Louis-Philippe, le roi bourgeois, a abdiqué l’année précédente. S’ensuit une période troublée et confuse où prolétariat et bourgeoisie tentent de confisquer le pouvoir et où en fin de compte celui-ci sera ramassé par Louis-Napoléon, triomphalement élu en décembre 1848, Président d’une toute nouvelle République.

Tocqueville est aristocrate ; il est le petit-fils du malheureux Malesherbes qui perdit la tête pour avoir voulu sauver celle de son royal client Louis XVI, mais il est viscéralement et profondément républicain.
Depuis quatorze ans député du Cotentin, étiqueté centre-gauche, il méprise Louis-Philippe et déteste ses ministres dont l’inoxydable Monsieur Thiers, il hait la tyrannie populaire dont Ledru-Rollin et Blanqui laissaient entrevoir l’avènement et il se fait mal à l’idée d’une République présidée par le neveu d’un Bonaparte dont il avait dit qu’il était aussi grand qu’un homme puisse l’être sans vertu.

Madame Récamier est plus près du pouvoir, quel qu’il soit d’ailleurs, pour n’avoir cessé de recevoir les hommages, sinon les soupirs, de ceux qui en faisaient partie.
Elle va mourir du choléra le 13 mai 1849, un mois après cette Proposition… qui aura, pour Tocqueville, des conséquences inattendues et importantes.


« Je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs. Chacun d’eux, retiré à l’écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres.

Au dessus d’eux s’élève un pouvoir immense et tutélaire qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort : il est absolu, détaillé, régulier et doux. Il aime que les citoyens se réjouissent pourvu qu’ils ne songent qu’à se réjouir, il travaille volontiers à leur bonheur mais il veut en être l’unique agent et le seul arbitre ; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leurs industries, règle leurs successions, divise leurs héritages ; que ne peut-il entièrement leur ôter, le trouble de penser et la peine de vivre ?

Puis le gouvernement étend ses bras sur la société toute entière : il en couvre la surface d’un réseau de petites règles compliquées, minutieuses et uniformes à travers lesquelles les esprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire jour ; il ne brise pas les volontés mais il les amollit, les plie et les dirige ; il ne tyrannise pas, il gène, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète et réduit enfin chaque nation à n’être qu’un troupeau d’animaux timides et industrieux dont le gouvernement est le berger. »

Extrait de La Proposition

Texte d’Hippolyte Wouters
Mise en scène Carlotta Clerici et Anne Coutureau
Avec Christophe Barbier et Anne Coutureau
Costumes Frédéric Morel
Images Dominique de Wolf

Production Théâtre vivant


lundi 29 mai, 19h
lundi 12 juin, 19h
lundi 19 juin, 19h

Théâtre de Poche
75 bd du Montparnasse, 75006 Paris
01 45 44 50 21 – Tous les jours de 14h à 18h
theatredepoche


mardi 6 juin, 20h30
dans le cadre du Mois Molière

Théâtre Montansier
13, rue des Réservoirs
78000 Versailles
theatremontansier